L’argent de ses économies

L’argent ? Si on en parlait un peu ?
Mes plus belles vacances n’ont pas été celles qui m’ont coûté le plus d’argent.
Le travail où j’ai été le mieux rémunéré n’a pas été celui qui m’a le plus épanoui.
Le cadeau qui m’a le plus touché n’était pas le plus coûteux de ceux que j’ai reçus.
Il faut se rendre à l’évidence, onéreux ne rime presque jamais avec « on est heureux ».

Au Burkina Faso, j’ai vu de la lumière, dans les yeux d’enfants qui manquaient de tout.
Je les ai vus sourire. Je les ai entendus chanter.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne les ai pas sentis inquiets, ni stressés.
Quand ils rencontrent une difficulté, ils disent : « Ya Otto ».
Ce qui signifie : « C’est comme ça ».

– « Quels sont les problèmes en France ? », nous ont demandé un jour des amis Burkinabé.
– « Le chômage, le cancer, la dépression, l’insécurité… », avons nous bredouillé.
– « Mais, est-ce que vous mangez tous les jours ? »
– « Oui, bien sûr ! »
– « Alors, si vous mangez tous les jours; il est où le problème ? »

burkina enfant 2

En arrivant à l’aéroport de Marseille Provence,
Nous repensons aux soucis que nous avions laissés avant de partir.
Après trois semaines de brousse dans le canton de Toleha,
Tous ces problèmes nous paraissent dérisoires.
Même si la vie se chargera vite de les remettre au premier plan de nos préoccupations.

Sobriété ne veut pas dire pauvreté.

« La culture du bien être nous anesthésie. Nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté. Toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon. Une des causes de cette situation se trouve dans la relation que nous avons établie avec l’argent. Puisque nous acceptons paisiblement sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. »
Cette analyse du pape François ouvre quelques perspectives.
Elle incite à découvrir le chemin de la sobriété, à bannir les gaspillages en tout genre.
Nous met en garde sur l’effet de mode, appât pour mieux piller les moins fortunés.
Et attire notre attention sur ceux qui n’ont rien ou presque rien.

La peur du lendemain et l’anxiété savamment entretenue par les marchands,
Nous font amasser plus qu’il n’est raisonnable.
Pour ne pas manquer. Car, sait-on jamais.
Mais de quoi manquons nous vraiment ?

Regardons tout ce que nous avons collectionné.
Des objets qui ont peu ou pas servi.
Qui encombrent nos caves, nos greniers et nos esprits.
Et qui, à la fin de notre vie, feront le bonheur de récupérateurs en tout genre.
Débarrassons nous de l’inutile, acheté pour calmer quelques angoisses.
Donnons ou partageons si ça peut servir à d’autres.
Et expérimentons, que cultiver la sobriété et la simplicité n’est pas vivre dans la pauvreté.
La sobriété, comme un luxe inédit à notre portée.

L’argent, pour alléger les souffrances d’aujourd’hui.

Président d’une association caritative pendant près de 10 ans,
J’ouvre un jour un courrier d’une personne âgée de plus de 80 ans,
Dont je sais qu’elle a de faibles revenus.

Il y a dans l’enveloppe, un chèque de 1 000 euros et ce petit mot.
« Je gardais un peu d’argent au cas où…
Mais j’ai pensé que les économies d’aujourd’hui,
Devaient servir à alléger les souffrances d’aujourd’hui.
Pour les souffrances de demain,

Il y aura les solidarités de demain. »

J’ai toujours gardé à l’esprit cette leçon d’oubli de soi.
Qui permet de mieux distinguer les priorités et l’essentiel.
J’ai aussi la conviction que plus on donne, moins on manque.

Norbert MOUIREN

Contact : contact@motsenliberte.fr 

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3 Commentaires

  1. Martine 12 novembre 2016 at 11:40

    Moi aussi, j’approuve entièrement, mais comment faire partager ce point de vue à un homme qui, bien qu’atteint d’une sénilité avancée, pose tous les jours des questions concernant ses biens et les objets qu’il a amassés ? Comment lui faire comprendre que l’amour du prochain est le seul trésor et que l’on éprouve un bonheur intense en aidant ceux qui en ont besoin ? Je pense que si Dieu lui accorde la Grâce d’échanger ses « soucis » matériels contre le souci des autres, il pourra enfin aborder cette dernière tranche de vie dans le calme et l’appaisement.
    Martine

  2. Edith FENELOUX 19 octobre 2016 at 18:00

    Et n’oublions pas que « Dieu choisit toujours le dernier »… Merci Norbert de m’avoir permis de découvrir ce beau livre, à conseiller largement (auteur Alain Durand, éditions du Cerf).
    Edith

  3. Hélène 18 octobre 2016 at 18:35

    Oh comme j’approuve à 100% , j’ai passé mon enfance en Afrique ceci explique peut-être cela 😉

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