Sur le chemin de Compostelle
Cet article est dédié à Annick.
Aujourd’hui 25 octobre, c’est son anniversaire.
Avec Jacques son mari, et Malou, ma femme,
Nous avons marché ensemble pendant 76 jours
Sur le chemin de Compostelle.
Un homme sur le chemin.
Nous marchons sur le chemin entre le Puy et Conques.
Sur le premier tronçon des 1 600 kilomètres qui séparent
Le Puy-en-Velay de Saint Jacques de Compostelle.
Sur le Camino, comme on dit en se rapprochant de l’Espagne.
Un chemin comme une aventure qu’on décide un jour.
On remplit un sac à dos. Trop, beaucoup trop la plupart du temps.
On l’allégera au fil des étapes…
En même temps qu’on videra sa tête de soucis inutiles.
Comme on le dit souvent, c’est le premier pas qui coûte.
En fait, c’est le premier pas qui compte et qui permet de compter les suivants.
Sur le chemin, c’est de loin qu’on distingue la présence d’autres pèlerins.
Une silhouette précède souvent une rencontre,
Toujours inattendue et quelquefois inoubliable.
Comme celle avec Michel, originaire des Vosges.
Dont nous avons aimé la compagnie pendant quelques étapes.
Nos pas avaient trouvé leur rythme dans le rythme des siens.
Nos conversations nous avaient permis d’approcher la différence,
Sans jugement, sans à priori, même le jour où il nous apprit qu’il était « flic ».
Un flic sur le Camino, cela aurait pu ressembler à une erreur,
A une provocation voire à une profanation.
Non ! Sur le Camino, c’était un marcheur, éventuellement un pèlerin,
Dans tous les cas un homme, peut-être même un frère.
Chacun marchant au gré de sa liberté, nous ne l’avions plus vu.
Nous ne faisions pas de nos rencontres des obligations.
Il était devant nous ou peut-être derrière. Peu importait.
Il était entré dans notre vie, puis en était sorti, sans préavis.
La magie du chemin.
Et puis un jour, tout juste avant d’arriver dans le centre d’Espalion,
Petite bourgade au nord du département de l’Aveyron,
Nous avions reconnu Michel, attablé avec d’autres pèlerins devant une bière.
Impossible de dire pourquoi, mais le revoir fut un moment lumineux.
« Alors Michel, où étais-tu passé ? On s’inquiétait de ne plus te voir. »
Il se leva et en même temps qu’il prenait le temps de venir vers nous, il lança :
« C’est ça la magie du Chemin.
Des gens que vous connaissez à peine,
Se font déjà du souci pour vous ! »
Il y a eu beaucoup d’autres rencontres, avant d’atteindre Santiago.
Beaucoup d’autres pèlerins, d’autres marcheurs, d’autres Michel…
Des prénoms, mais surtout des visages,
Plus ou moins marqués, plus ou moins ouverts.
L’occasion de se décoller de sa propre histoire et de son petit nombril,
Et dans cet élan qui fait que l’on s’échappe de soi pour aller vers l’autre,
Sans le savoir, trouver sa place et se trouver soi-même.
Alors si d’aventure, vous décidiez vous aussi de partir :
Buen Camino !
Norbert MOUIREN
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Vous pouvez retrouver le thème du souci de l’autre développé dans une vidéo.
Que j’ai réalisée en 2012, pour le diocèse de Digne, Riez et Sisteron : Le souci de l’autre
Contact : contact@motsenliberte.fr
Je n’avais pas eu l’occasion ou la curiosité de lire ces quelques lignes sur le chemin de Compostelle. Conquis je le suis, et par le style et par la manière de conter. Noby continue comme ça c’est un vrai plaisir.