Juste un peu de silence
La petite route qui monte en silence vers La Flatière semble plus étroite que d’habitude.
En cette fin octobre, il pleut et la neige n’est pas très loin.
Je me demande ce qui m’a amené à revenir pousser la porte de ce lieu.
A 1 400 mètres d’altitude on doit avoir une meilleure vue sur ce qui se passe en nous…
Ici rien n’est imposé, si ce n’est de garder le silence pendant six jours complets.
Le massif du Mont Blanc est pour l’instant caché dans d’épais nuages.
Nous le verrons peut-être au cours de la semaine.
Je m’installe dans une petite chambre au confort sobre mais efficace.
Tout est fait ici pour que le silence soit adopté.
Le silence comme une pause dans la vie agitée, pour réveiller ce qui dort en nous.
Le silence comme un espace offert pour calmer le tumulte de nos pensées obsédantes.
Nous sommes une petite centaine. On se salue sans se parler.
On mange ensemble avec pour seul souci que l’autre ne manque de rien.
Les yeux parlent et les lèvres muettes ouvrent le visage qui seul fait la conversation.
La fossette sur la joue droite de la fille d’en face, apporte du charme à ce dialogue discret.
De la musique accompagne nos repas.
La sobriété du contenu de nos assiettes respecte notre palais et notre estomac.
La cuisine a le bon goût de ceux qui la font.
Le silence pour dire « Je t’aime »
Et le silence s’installe en nous comme un hôte mystérieux.
Comme un moyen plus subtil et plus fort pour dire « Je t’aime ».
Un silence apaisant, bienfaisant, bienveillant.
On se croise et on se sourit.
Personne ne se connaît mais on devine qui est l’autre.
On crée des liens, on se découvre des affinités.
On lit dans les cœurs l’inquiétude, les soucis, les blessures…
Pas besoin de mots réducteurs pour entrer en relation.
Aucun risque d’incompréhension ou d’interprétation.
Un groupe d’allemands présents pendant cette semaine parle le même silence que nous.
Et puis surtout, il y a tous ceux qui nous reçoivent. Aux petits soins…
Le visage serein de Monique en dit long sur les bienfaits de son engagement.
Le sourire de Nathalie éclaire définitivement son visage. Elle doit sourire en dormant…
Pendant l’office, la voix pure et belle de Marie ravive chez moi d’anciennes émotions.
Jean-François nourrit le silence de quelques conférences bien senties.
Il y a aussi Antoinette, Régis, Marie-Dominique, Michel, Bénédicte, Nelly…
Et tous les autres. Travailleurs de l’ombre pour que naisse en nous la lumière.
Un silence plus important que les urgences
Ce silence n’a rien à voir avec celui qui assassine les gens seuls ou abandonnés.
Mais c’est un silence qui fait du bien sans faire de bruit.
Un silence pour apaiser nos âmes et soigner notre corps malade.
Un silence de paix quand les mots sont remis à leur juste place…
En fin de semaine, le Mont Blanc et l’Aiguille du Midi se découvrent.
Le ciel bleu reprend le dessus et l’espérance est récompensée.
Je m’en vais décrocher le silence de la montagne proche.
Je le range avec gourmandise au fond de ma valise pour les jours de gros temps.
Il me sera utile et important quand la vie dictera ses urgences.
Toi, lecteur qui me connaît, peut-être es-tu en train de sourire…
Chut !
Norbert MOUIREN
Contact : contact@motsenliberte.fr
Je dédie cet article à tous les membres du Foyer de Charité de La Flatière aux Houches (74).
Ils contribuent à réparer ce qui est cassé en nous.
Ils sont les ambassadeurs discrets de la joie, de la paix, de l’espérance et de l’amour.
Merci !
Bien sur que je souris quand on t’a connu si dissert sur des tas de sujets…
Ces mots en liberté viennent rompre le silence et me donnent l’occasion de te dire mon amitié.
jean-yves
Quelle joie de t’entendre de la Flatière. Après avoir été pendant plus de huit ans de suite dans ce lieu de silence magnifique pour continuer des retraites dans des lieux plus désertiques , je remercie le Seigneur pour ce signe de Vie des foyers de charité.
Patricia
Bonsoir Norbert, effectivement j’ai souri . Merci de me donner cette belle adresse pour une cure de silence que je souhaite faire depuis longtemps. .. Bises
Qui a dit:: « Le silence est la musique de Dieu ? »
Merci de nous rappeler de manière si délicate et …. silencieuse l’importance de notre vocation de Nazareth. Que le Seigneur roi du silence des coeurs continue en vous Son oeuvre, même si dans la Vallée vous trouverez davantage de bruit.
En union de prière
Michèle